Voyage...

Il faut, pour envisager un voyage, qu'un sourire pénètre l'âme...
C'est alors que l'âme, nimbée d'une lumière, ni trop forte, ni trop faible, équilibre ses forces et se met à sourire. Elle s'inonde d'un feu que chaque petit rayon de soleil alimente et nourrit.
Le voyage n'est pas un hasard, pas une approximation, il est un feu sacré qui, son chemin connu de l'âme seule, irradie autour de lui.
Il est "cet être" qui compose une vie nomade et avec lequel le voyageur cohabite.
Paupières baissées quand la sédentarisation se fait trop longue, et que les jours s'accumulent sans valise, sans passeport, avec une fenêtre qui donne sur le même jour. 
                                                 photo Philippe Argouach, ABP.

Yeux embrasés d'espoir, dès que la brise se lève, et que le jour change de paysage, semble démultiplier ses trésors, ouvrir des portes où le mystère se révèle et remet au voyageur, dans la grâce de l'aube, son nouveau trousseau de clefs.
Combien de clefs ?
Une seule : le mouvement...

Le mouvement avec lequel le corps s'entraîne à observer, comprendre, connaître et regarder...

Le mouvement d'un corps en marche sur la Terre, et dont les pas foulent le temps sans le craindre, sans voir les rides et les contours des yeux... l'amplitude du regard fait se découvrir les richesses mises, gratuitement, à notre portée, et qu'un seul regard a enchanté...

Les murs emprisonnent l'âme; le quotidien aime les habitudes, et les habitudes ce confort approximatif, ce regard rivé sur l'heure, et l'heure, sur la perte de l'homme...

Les murs rendent l'amour esclave de la critique, de l'absence de joie, du non renouvellement, du désenchantement... la vie aime le mouvement.
Le voyage est un mouvement, 
Il est donc, d'abord et avant tout, une grande histoire d'Amour...