Jeudi 18 avril - La Baule-Escoublac - Saint-Nazaire. Entrer dans le rythme du Grand Tour de l'Ouest 2013

Mais les vrais voyageurs sont ceux là seuls qui partent 
Pour partir ; coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Charles Baudelaire
06h33.
Les yeux se lèvent...
Ouvrir la porte et faire ses adieux à un chat qui, depuis trois nuits, a pris place contre moi...
Nous ne nous sommes pas présentés, parce que nous avons reconnu en nous, cet appel du départ, et d'une vie sans chaîne...
Liberté que je je chéris, je fais de toi mon hôte...  


Rester femme, coûte que coûte...
Alors, aller chercher l'eau à la source, remplir les bouteilles, revenir à la roulotte, faire chauffer l'eau dans une grande casserole...
et plonger la tête...


Bilan : à l'extérieur, alors que le froid vous pique la peau, les gestes les plus anodins prennent une autre saveur, sentir la douceur de l'aube caresser mon visage, regarder à ma droite et apercevoir le regard du chat, qui comprend que nous approchons du départ... chaque seconde compte... joue dans le triomphe du temps et des amitiés qui se renforcent au cadran du voyage. 

J'entends sonner les harnais.. 
Shampooing terminé, vais-je oser faire l'après-shampooing ? (j'estime l'eau restante, le temps dont je dispose, et... une petite voix intérieure me dit : rester femme
On y va !
Enfin, se sécher les cheveux, les placer de telle sorte qu'ils prendront le vent, et se poseront sur les épaules, légers... alors que le soleil se lève et nous éclaire.
08h00. Départ !
La lampe du coeur s'illumine et inonde le matin de ces confidences silencieuses, inaudibles à l'oreille de l'homme pressé... 

Ne pas se retourner... marcher droit devant. 
Car devant soi se profile Saint-Nazaire... 
Les paquebots en route vers les Amériques...
Ces robes qui flottent dans l'air vaporeux, et les brumes matinales. 
Ces malles chargées que l'on embarque, et ces souliers qui claquent...
Départ ! 



Entendre retentir ce mot "impossible" qui me chatouille l'esprit et me fait croire en chaque pas !

10h30. Aux visiteurs du blog "le Sabot et la Plume" :
L'écomusée de Saint-Nazaire vous ouvre ses portes et vous invite à entrer dans l'histoire aéronautique de la ville. 
J'ai pris, avec l'autorisation de l'écomusée, un nombre important de photos pour les mettre en partage et vous éclairer.
Il manque, bien sûr, toute la partie concernant les paquebots et chantiers navals... 






Comprendre 14-18 dont nous approchons du centenaire... 
Chercher la paix, toujours... 


























12h30 : Départ vers... Montoir-de-Bretagne.
Il m'avait été dit, avec une insistance qui décoiffe, qu'enter chez Airbus était une mission "impossible". Alain, notre meneur, et qui aime poser des questions pour en savoir un peu plus, me glisse à l'oreille : "D'après ce que disent les gens, c'est pire que l'armée !".
Nous partons... et traversons la ville, yeux étonnés : façade urbaine,  réseau de transport moderne, le béton se pare de tournesols. 




L'urbanisme d'une ville posée sur l'eau... 









Faire une pause...
"Bar le tennis" : un repère pour les bons vivants, et les amoureux des choses "simples". Alain va prendre un café, revient vers la roulotte quand, derrière lui, le patron arrive, une bouteille à la main. 
- Tenez, c'est pour votre voyage, j'aime tellement les chevaux et les roulottes !
Une bouteille de vin, gage d'admiration pour des chevaux étonnants, qui réveillent en chacun de nous cet appel de l'ailleurs...
- Venez, me dit-il ! je vous offre un café...
(je bois du thé), mais le suis, comme on suit un "copain de lycée" !
Quinze minutes plus tard... 
13h30, à mon tour de sortir du bistrot, les bras chargés de victuailles...
La chaleur d'un repas... le plaisir des sens, la solidarité... simple, mais simplement belle.
Nous qui avions de l'avance sur l'horaire, voici que le temps s'est écoulé plus vite que prévu !
Et chacun a, de nouveau, donné son avis sur Airbus... 
Portes blindées, il faut passer par là, non, par ici...
Marche rapide.

Et puis... mettre les chevaux au trot, sentir sous leurs fers claquer les marteaux ! boulons, sièges, rails, assemblages, morceaux après morceaux, pas après pas, le ciel nous ouvre ses portes...

13h40. Les oreilles des chevaux se dressent...
Devant nous... les routes du ciel. 




14h00.
Philippe Rittig, service communication chez Airbus, m'accueille dans les locaux de la direction, et, d'un pas rapide, me conduit vers l'aérothèque. 

J'ai pris contact avec lui lundi dernier. 10 petites minutes où j'ai exposé notre projet. Il me rappelait, désolé, qu'il était sollicité de toute part et ne pouvait pas répondre dans un délai si court.
Court ? 
Le matin, je serai à l'écomusée, ensuite, je file vers le musée régional de l'air à Angers, je lui précise... 
Et, malgré son emploi du temps serré, cette visite me sera accordée.
Trente minutes pour découvrir les grandes pages de l'histoire...
Les modèles des avions montrent la marche de l'homme vers le progrès, et quel progrès !

Quelle volonté de défier chaque problème ! D'y répondre, toujours ! 
Hydravion, caravèlle, Airbus A 320, A 330, A 380 et maintenant 
l'A 350 XWB (extra wide body).avion qui intègre plus du double de matériaux composites que l'A 380. 
Des tronçons entiers sont faits de ce matériau : 20 % plus léger que le métal. 
70 % de la cellule de l'A350 XWB est constituée de matériaux avancés :
- 53 %  avec des structures en composite
- le reste avec du titane et des alliages d'aluminium de pointe.
 L’utilisation d’une toute nouvelle fibre de carbone renforcée (CFRP) apporte une moindre consommation de carburant, ainsi qu’une maintenance plus facile (pas de corrosion)
La consommation de carburant en est réduite de 25 % par rapport aux avions concurrents de la même famille élaborés dans les années 90.
On est largement en dessous des 3 litres au 100 par passager. (Réduction entre 2 et 3 de la consommation en l’espace de 40 ans)

Et les femmes ? Quel pourcentage ? 13 %, ce qui est bien compte tenu du site : l'assemblage. Notons que l'une d'elle a été primée meilleure apprentie de France "ajusteur, montage, structure". 
Bravo !
La visite se terminait... lorsque Philippe Rittig me dit : je vais vous faire voir le site de construction de l'A 380.
Comme nous sommes loin de la barque ailée de J-M Le Bris, et comme les superlatifs nous transportent d'un étage à un autre, d'un tronçon d'avion à un autre... et chaque geste est minutieux, chaque fil posé avec une extrême prudence. 
Je dois maintenant partir...
Demande : serait-il possible de mettre un tampon d'Airbus sur mon journal de bord ?
Suivez-moi...
Alors ? 
Impossible...

Que veut dire, véritablement, le mot "impossible" ? 
Leurre ou réalité ? 
Lorsque je sors, sourire aux lèvres, je découvre Alain,bras croisés... 



Direction Montoir-de-Bretagne. 
Une ferme où vivent Gudule et Laurent, deux voyageurs qui, en 2006, ont parcouru l'Europe en roulotte...
Nous quittons la modernité, le gigantisme d'Airbus, pour un autre chemin... 






Rencontre avec un âne. 

16h00. Salutations ! Nul ne se connait, tout le monde s'embrasse ;) 


En fin de journée, et pour la 1ère fois depuis le début du voyage, je retourne "en arrière" (en voiture) à l'aérodrome afin de faire "tamponner" mon journal de bord, et prendre quelques photos depuis la tour de contrôle.



Lorsque je descends l'escalier, sur une marche, un visage, familier, me regarde, comme si nous nous étions fixé rendez-vous... 

Retrouvailles inattendues, un peu miraculeuses ! 
- Je ne sais pas ce qu'elle a depuis ce matin, elle est insupportable, dit une femme, derrière moi, d'habitude, elle est plus sociable !
- Est-ce une chatte ? 

- Oui... "Mimi'". On n'a jamais su d'où elle vient, mais... vraiment depuis ce matin elle est méconnaissable. 
Je la prends avec moi, la sors... et m'éloigne. 






18h30.. Revenir vers le lieu d'emplacement de la roulotte. 
Appeler "Mimi"...
Et la voir courir derrière les arbres, sauter la haie, marcher à nouveau vers moi... 




Mais les vrais voyageurs sont ceux là seuls qui partent 
Pour partir ; coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Charles Baudelaire.

Retour à la ferme...
Sortir une bouteille de cidre, s'asseoir à table avec Gudule et Laurent, et, toute la soirée, parler de leurs voyages en roulotte à travers l'Europe...
Traverser les contrées, sentir leur fatigue : 6 années d'itinérance.
Se sentir poussière devant l'éternité... 
0h00. rejoindre la roulotte, écrire un peu à la lueur d'une bougie... 
01h30 : fermer les yeux... 

MERCI à toutes les grâces qui protègent ce voyage et font que les demandes les plus improbables sont entendues... 
Rien n'est simple, tout est difficile à porter sur un tel projet... mais un pas chez Airbus, et avoir le sentiment de servir ce projet, de porter un flambeau que j'appelle l'espoir...
Cette nuit, je vous le remets... 
MERCI...