Le deuxième volet du voyage s'ouvre...

DEPART

Par une nuit noire et silencieuse qu’illuminent au loin les lumières artificielles de la capitale, un grand oiseau roi vole au-dessus de la roulotte, frôle de ses ailes toutes déployées le toit arrondi de ma maison… et pose son ventre chargé de bagages et de passagers, sur le tarmac de Roissy-Charles-de Gaulle…
Il célèbre une arrivée…

5h00 du matin...
Ma porte s’ouvre… 
- Es-tu prête Clémence ? dit Alain à voix basse, alors que penché à côté de la roulotte, il ajuste et vérifie les brancards.

Autour de nous, dans l’ombre de la lune, une centaine de chevaux, poneys, poules et lapins sommeillent au centre équestre de Gonesse… Ville qui porte en elle les blessures du Concorde, souvenir de l’oiseau blanc en détresse qui dessine dans un nuage de feu, le dernier chapitre d’un livre merveilleux.
- Oui, je suis prête…
Quelques bruits de pas qui s’éloignent…
Et soudain, un souffle de vie éveille le silence sans l’ébruiter.
Les paupières des poneys se lèvent, les oreilles des juments se dressent captivées par la douceur d’un chant…
Les sabots de Merveille, Tina, et Vanille… s’avancent, s’inclinent… et l’aube, tout à coup, soulève son voile pour engendrer le jour…
Passage de l’ombre à la lumière…

108 jours de voyage et 1 200 km parcourus depuis Camaret-sur-Mer, pour toucher le cœur de la jeunesse, et l’inviter au voyage des connaissances, des savoirs et de l’émerveillement…

Le chant des sabots résonnent désormais dans la mémoire des passagers… venus à bord de notre roulotte ou simplement, qui ont vu passer devant eux un équipage un peu étonnant pour un siècle épris de Vitesse.

D’Ouest en Est, nous avons et traversé un siècle d’inventivité, et pris le temps de marcher sur les routes de France, à pas lents, pour mieux comprendre, écouter, mesurer le Temps présent…
Pour en subir les joies et les tourments.
Pour éveiller nos propres sens, au sens des astres, et des hommes.
Donner un sens… une signification…
Sans jamais changer de vitesse.

Habiter chaque seconde…
A 6km/h, alors que l’horloge contemporaine, réglée par le Maître Fou de la consommation, ordonne de courir, de subir et de mettre son cœur en souffrance, trois juments ont tenté d’éveiller la jeunesse à leur chant, à leur grâce, à la lumière de leurs pas…
Cette musique a su toucher le cœur…
Elle a émis une note, que chacun garde en mémoire…
Et dans ma mémoire, brillent les sourires d’une jeunesse qui a su nous ouvrir les yeux, nous montrer qu’elle avait faim et soif de savoirs. Parfois turbulente, jamais irrespectueuse, capable de me faire rire aux larmes une fois dans la roulotte, dans l’intimité des confidences… et jouant avec les mots comme des poètes qui s’ignorent. La roulotte est un lieu de rencontres, et de Vérité.
Elle est cet espace de jeu où les livres et les affiches interpellent la curiosité, les plumes se laissent chatouiller, "Terre des Hommes" se respire… à pleines pages.

Nous avons, ensemble, et grâce aux soutiens de tous, pu atteindre le musée de l’air et de l’espace du Bourget, le 26 juin 2013, à 11h00 précises.

Aucune caméra de télévision à notre arrivée pour célébrer un voyage jamais accompli à ce jour, mais la simplicité d’un sourire pour nous accueillir : celui de Catherine Maunoury, double championne de voltige et première femme directrice du Musée.

J’ai la conviction, intime, depuis le 10 mars dernier, que notre voyage ne fera pas de bruit, il ne fera pas la une des médias, parce qu’il est voué à montrer la voie de l’humilité…
Pas trop de lumière, pas de gloire, juste le pas respectueux des chevaux, et la sueur de chaque pas, d'un équipage fait pour s'unir et dépasser chaque obstacle…
Quelle chance de vivre ce voyage !
Mais que d'obstacles à surmonter comme s'il fallait éprouver ma résistance... 

Il est temps maintenant pour notre équipage de marcher vers notre Finistère, et d’ouvrir le 2ème volet de notre voyage :
Quelle Voie pour demain ?
Quelle société pour demain ?

Mais avant de partir, et comme on dépose un baiser sur le bord de la main pour l’adresser aux êtres chers, mon visage se tourne une dernière fois…
Vers l’Ouest…

Une brise, aérienne, baise l’herbe sacrée… de Tremblaye…
Ferme géniale qui accueillit Santos-Dumont et emporta dans son envol le souffle de confiance qui permet aux hommes et aux femmes d’accéder au dépassement de soi…

Jeunesse d’aujourd’hui, vous qui avez déposé vos rêves dans la malle aux trésors, nous avons la responsabilité, nous adultes, de vous guider, de vous élever, de vous montrer un chemin de confiance et d’émerveillement

Nous portons la responsabilité de nos erreurs, de nos cœurs endurcis, de notre impatience, de notre égoïsme, et de notre irritabilité…

Nous portons la responsabilité d’une morale démoralisatrice pour vous, qui tend à vous infantiliser, vous faire perdre votre équilibre, et vous étouffer dans un souci – diabolique –  d’être tentateur de la Vérité qui s’ouvre, parait-il, sur une seule porte :
Celle d’une voie sans issue…
Ego en détresse, Oh secours !!!
Ego en souffrance qui a peur de tout, s’inquiète d’un rien, et se jette sur les antidépresseurs pour calmer des nerfs affolés… nerfs qui se sentent le devoir, ensuite, d’asseoir la jeunesse sur le trône des impossibles avec pour mouchoir le pessimisme.
Cercle infernal…
Où est la Vérité ?
Où est l’éducateur ?
Où est le chant qui élève ?
Où est la source à laquelle s’abreuver ?

Jeunesse…  dont le cri est lourd de sens, la nourriture qui vous est offerte au quotidien : consommation, alimentation, grasse, insipide, contribue à vous rendre amers, et peu enthousiastes face au défi demain…

Nous adultes, nous en portons la responsabilité…
Sans plus avoir à fuir…

Mais la Terre…
Mais le cœur…
Mais la capacité de chaque homme à tendre vers ses rêves et s’élever…
Mais la recherche constante de l’humain à s’ouvrir aux autres, à partager, à engendrer la paix, à Aimer…
Est en nous…
Chant invisible…
Comme le vent…
Capable d’accompagner tous les battements d’ailes vers des ailleurs possibles…

Le ciel et la Terre nous parlent…

Voici venu le temps pour nous de rentrer en Bretagne…
Vanille, Tessan, et Arwen, nouveau trio, vont maintenant emprunter un chemin qui doit nous éclairer sur la possibilité d’ouvrir une autre Voie…

Avec en mémoire les paroles de Jean-Bernard Huon, paysan génial, je dois, moi qui vis dans cette roulotte, mettre mes paroles en action…

L’action que je vais mener va consister à :
* chercher l’essentiel en m’approchant de la simplicité,

Regarder de près les actions que je peux mener en terme de respect de la :
* Consommation ;
* Energie ;
* Transport.

Je vais arrêter la roulotte là où des réponses existent en terme de :
* Consommation ;
* Energie ;
* Transport ;

Avec toujours pour mission d’emprunter un chemin de « connaissances, de savoirs, et d’émerveillement »…

Nous verrons au fur et à mesure des enseignements, combien la roulotte, restée silencieuse jusqu’à présent, peut répondre aux problématiques de notre Temps, et apporter des réponses…

Je mettrai en partage le fruit de plus de 7 voyages menés en roulotte, et plus de 3 000 km parcourus au pas des chevaux, dans un refrain que je connais et dont je savoure chaque seconde : la Vitesse du cheval, comme maître du temps…

Entrons dans cet Espace temps…
Et marchons vers notre Finistère jusqu’à toucher la mer…
Source de vie…

Là, où tout commence…

Il n’est qu’une vitesse : celle de soi-même.
Saint-Pol-Roux le Magnifique.