Mercredi 3 avril... Le ciel en fête !





Au petit matin... se réveiller... et se souvenir : 
Où suis-je ?

Et le souvenir de la veille vous revient en mémoire, au galop... il vous ouvre encore plus grand ces yeux émerveillés, parce que là où vous êtes résonne comme un cadeau... une grâce, un paysage fait de douceur et de calme, quiétude du matin avec cette fenêtre ouverte sur la forêt de sapins, d'où resplendit un eucalyptus, solitaire, un géant à la robe blanche.
A ses pieds court une biche. 
Alors, regarder autour de soi, avec le silence pour unique parole, et se dire : par quel livre ouvrir l'aube ? 
De quels mots se nourrir... s'alimenter pour que la journée coule et s'écoule sans bruit ?

Ce matin : je choisis l'envol avec Mermoz, biographie écrite par Kessel. Je veux voyager avec lui et extraire de son récit un courage que je n'ai pas, une énergie que je n'ai pas, car l'on n'est rien à côté de son ombre. 

De plus, notre rôle à nous, pilotes de ligne, est d'être et de rester obscurs. Nous accomplissons simplement un métier parfois un peu plus dur que les autres, mais qui n'en est pas moins un métier.
Nous ne battons pas de record, nous ne sommes pas les héros des raids de grande envergure : chaque jour, nous acheminons le courrier vers un point donné à des heures données. Les difficultés que nous rencontrons parfois, nul ne les connait, ne cherche à les connaitre du moment que le chargement arrive à destination. Chacun accomplit sa tâche avec toute la conscience professionnelle dont il est capable... 
Je ne sais pas si cela est juste. Mais je sais que seules les grandes épreuves, les grandes chutes, les grandes réussites et les grandes chances font un homme grand. Une vie nourrie par elles ne peut tout de même pas être considérée comme une série de hasards heureux. La foudre ne tombe pas toujours à la même place. Pour l'attirer il faut une substance propice. Le danger et le triomphe ne vont qu'à des têtes choisies et c'est elles seules qu'ils couronnent ; Mermoz était de ce noble sang... 

à ce stade de la lecture... au loin... comme un rêve jaillit des pages, un chant se fait entendre. Je me frotte les yeux et cours vers la fenêtre. 

Un point dans le ciel... 


Et le point s'agrandit, vole et survole au-dessus de la roulotte...
Ils sont plusieurs, rafale, super étendard, ou mirage...  et ils tournoient dans le Ciel tandis que sonnent les cloches... 
Alors, je quitte la roulotte et m'occupe des chevaux, les brosse...








La lumière entre... tandis que les yeux se ferment, le sol se pare de mille couleurs... 
Récréation... nous partageons un verre de jus de pomme artisanal...